Alexandre Ier




Titres : Tsar de Russie de 1801 à 1825; Roi de Pologne de 1815 à 1825
Dates : 23 décembre 1777- 1er décembre 1825 (Saint-Petersbourg-Taganrog)
Famille : Paul Ier (père), Tsar de Russie de 1796 à 1801; Nicolas Ier (frère cadet), Tsar de Russie de 1825 à 1855; Catherine II, Tsarine de 1762 à 1796
Signature :
Qu'en pense Napoléon ?
“Ce prince a de l'esprit, de bonnes intentions. Il est plus capable que tous ses ministres. S'il se méfiait moins de ses moyens, il vaudrait peut-être mieux que tous ses généraux. Pour être très capable, il ne lui manque plus que la décision.”


Un début de règne souillé du sang impérial
Petit-fils de Catherine II de Russie, Tsarine de 1762 à 1796, Alexandre Pavlovitch Romanov entre dans l'Histoire en prenant part au complot visant à renverser son père, le Tsar Paul Ier. Il avait obtenu la vie sauve pour le souverain mais, en ce 24 mars 1801, Paul Ier est assassiné par des hommes du général Bennigsen. Le jour-même, Alexandre est couronné Tsar de Russie et se refuse à faire arrêter les assassins de son père. Malgré ce début de règne entaché par le sang paternel, la population russe voit d'un oeil plutôt favorable l'avènement du nouveau maître de la Russie, se prenant à rêver à un règne moins tyrannique. Ces espoirs populaires sont satisfaits dans un premier temps, avec le relâchement de la censure et du servage (semi-esclavage pratiqué en Russie depuis le XIème siècle).


L'ennemi des "Lumières"
Selon le voeu de Catherine II, Alexandre avait bénéficié dans sa jeunesse des enseignements du suisse La Harpe, très proche des idées des Lumières, et s'était montré enthousiaste à la Constitution française de 1791. Cependant, il se détache de la République de Bonaparte lorsqu'il réalise l'influence française en Europe centrale. Il se rapproche du Royaume-Uni qui éprouve le même désir de contenance à l'égard de la France.
Défavorable à l'Empire Français en 1804 et indigné par l'exécution du Duc d'Enghien, il entre dans la troisième coalition et, par son attitude impatiente et trop confiante, il se précipite dans le piège que lui tend Napoléon et devient un des responsables de l'écrasante défaite austro-russe à Austerlitz le 2 décembre 1805. Contrairement à l'Autriche, il refuse de signer la paix et rejoint en 1806 une quatrième coalition puis assiste, impuissant, à l'anéantissement de la Prusse à Iéna et Auerstaedt.
Après un terrible mais indécis affrontement à Eylau début 1807, Alexandre est forcé d'accepter la paix, ses armées ayant été à nouveau écrasées à Friedland le 14 juin.
Il change alors sa façon de voir Napoléon, se met à l'admirer et s'allie avec l'Empire contre le Royaume-Uni par le Traité de Tilsit (puis celui d'Erfurt en 1808) : les deux souverains se rencontrent sur un radeau ancré au milieu du fleuve Niémen à l'été 1807, et s'accordent sur la création d'un Grand-Duché de Varsovie et l'établissement du blocus continental en Russie.



En février 1808, une guerre russo-suédoise éclate et se termine par le rattachement de la Finlande à l'Empire Russe après le traité de Fredrikshamn (17 septembre 1809). En 1812, Alexandre met fin à une guerre qui l'opposait à l'Empire ottoman depuis 1806 par le traité de Bucarest.
Malgré ces succès, le début des années 1810 n'est pas prospère pour la Russie : le blocus continental est désastreux pour son économie et le Tsar renie ses engagements de Tilsit et d'Erfurt. Il refuse de rétablir le blocus malgré les avertissements de Napoléon, qui lui déclare la guerre le 22 juin 1812. Commence alors une invasion du pays par une armée forte de près de 700 000 hommes; face au repli systématique des troupes russes qui pratiquent la tactique de la "terre brûlée", la Grande Armée, après avoir triomphé du général Koutousov à la Moskowa et occupé Moscou un long mois, doit retraiter vers l'Ouest en octobre.
Réfugié à Saint-Petersbourg, Alexandre avait refusé pendant tout le mois de septembre puis d'octobre la paix que lui proposait Napoléon.
Après la retraite de Russie, les armées du Tsar, vite rejointes par la Prusse et l'Autriche, entament l'offensive sur les positions françaises en Europe centrale : c'est la Campagne d'Allemagne. Malgré une sévère défaite à Dresde où Alexandre est présent en personne, les coalisés sont vainqueurs à Leipzig le 19 octobre, ayant fait ployer la Grande Armée sous le nombre.

Alexandre poursuit l'offensive en France et, après être entré dans Paris après une dure Campagne de France, il reçoit le 4 avril les maréchaux Ney (pour lequel il a une grande affection), Macdonald et le général Caulaincourt, pour négocier l'abdication de l'Empereur. C'est le Tsar qui propose la souveraineté de l'île d'Elbe, concession que Caulaincourt appuiera vigoureusement auprès des coalisés.
Durant l'occupation de la capitale par les troupes coalisées (principalement des Cosaques), Alexandre loge chez Talleyrand, Rue Saint-Florentin, jusqu'au 12 avril, ayant refusé de s'installer aux Tuileries. Il profite de son séjour de deux mois à Paris pour visiter la capitale et rendre visite à son ancien précepteur La Harpe : en passant devant les Invalides, il fait la connaissance des pensionnaires et finit par renoncer à son projet d'hôpital réservé aux blessés russes. Il rencontre ensuite l'impératrice Marie-Louise puis se rend à la Malmaison où il séjourne plusieurs jours. D'abord défavorable au retour des Bourbons et de la monarchie (il qualifie Louis XVIII "d'homme le plus insignifiant d'Europe"), il finit par s'y résigner.
Il prend part au Congrès de Viennne et reprend les hostilités envers la France au retour de l'île d'Elbe : sous les ordres du général Barclay de Tolly, plus de 200 000 Russes sont envoyés en Belgique soutenir la coalition, mais ne participent pas à la victoire finale. A Vienne, le Tsar propose la mise en place d'une Sainte-Alliance entre la Russie, la Prusse et l'Autriche; alliance qui durera véritablement jusqu'à sa mort en 1825. Entre-temps, Alexandre devient roi de Pologne (1815), où il est acclamé par la noblesse.



Le retour de la paix
L'après-Waterloo marque le début d'une période de paix à l'extérieur de la Russie, mais d'un durcissement des lois à l'intérieur. Rejetant les idées des Lumières et de la Révolution, Alexandre laisse ses ministres diriger le pays et crée les "colonies militaires" destinées à assurer la sécurité des zones frontalières. Ces colonies, dans lesquelles cohabitent civils et militaires, seront à l'origine d'une discipline cruelle envers les paysans et de révoltes durement réprimées. Dans les années 1820, il dépêche des troupes à ses alliés pour les aider à rétablir l'ordre public dans leurs provinces : en Italie et en Grèce en 1821 puis en Espagne en 1822. A la fin de son règne, en proie à plusieurs complots fomentés au sein même de son armée, il envisage d'abdiquer lorsqu'il atteindra l'âge de 50 ans. Mais une fièvre ne lui en laisse pas le temps et le fait mourir en décembre 1825 à Taganrog, dans le Caucase, à plus de 900 kilomètres de Moscou.
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