La bataille de Trafalgar




Date : 21 octobre 1805
Bélligérants : Empire Français (25 navires) et Espagne (15 navires), 26 000 hommes - Royaume-Uni (33 navires), 18 500 hommes
Amiraux : Villeneuve et Gravina - Horatio Nelson
Vainqueur : Horatio Nelson
Pertes : 6 900 côté franco-espagnol - 1 500 côté anglais

Résumé : L'amiral Villeneuve, enfermé deux mois dans Cadix par la flotte britannique, se décide contre l'avis de ses officiers à faire une sortie. Confronté à l'amiral Nelson, Villeneuve mène sa flotte franco-espagnole à un désastre dont la marine française ne se pourra se relever que quelques décennies plus tard... laissant la maîtrise des mers à l'Angleterre, pour un bon moment.

Contexte : Guerre de la troisième coalition (1805)

Prélude
Au début de l'année 1805, l'objectif premier de Napoléon est de débarquer au Royaume-Uni à partir du camp de Boulogne, où se regroupent depuis 1805 les troupes que l'on désignera bientôt sous le nom de Grande Armée. Mais pour que cette invasion réussisse, il faut pouvoir contrôler la Manche le temps nécessaire à la traversée et, pour cela, il faut éloigner les flottes britanniques. Avec l'aide d'anciens officiers du Roi, tel le comte de Fleurieu, marin confirmé et brièvement Ministre de la Marine sous la Révolution, Napoléon va donc s'improviser amiral et élaborer une manoeuvre qui devrait permettre de contrôler le "Channel", comme les Britanniques appellent la Manche.
Il dispose de trois escadres : celle de Rochefort, sous le commandement de l'amiral Missiessy, celle de Brest ( amiral Ganteaume) et, la plus importante, celle de Toulon ( amiral Villeneuve). Selon les ordres de l'Empereur, Villeneuve va appareiller en premier puis faire sa jonction avec les deux autres escadres aux Antilles, afin d'attirer les flottes ennemies - notamment celle de l'amiral Nelson - à leur poursuite. Si l'ennemi tombe dans le piège et se précipite au Nouveau-Monde pour protéger ses possessions en Jamaïque, la Manche et les côtes anglaises seront pratiquement sans défense. En cela, le plan de Napoléon, qui avouait tout ignorer du combat sur mer, peut être considéré comme parfaitement fonctionnel et cohérent.






Le 17 janvier 1805, l'escadre de Toulon, forte de dix-huit navires, lève l'ancre et prend la route de la Martinique où devront la rejoindre Ganteaume et Missiessy. Mais au bout de quatre jours, découragé par l'entreprise et le long voyage qu'il va devoir accomplir, Villeneuve fait demi-tour et remet sa démission à son ami Decrès, Ministre de la Marine, qui la refuse. Lorsque l'on connaît la suite, l'on frémit en se demandant se qui se serait passé si Villeneuve avait abandonné son commandement dès le mois de janvier 1805...


Il repart le 30 mars et, en croisant au large de l'Espagne, il reçoit le renfort des sept navires de l'amiral espagnol Gravina à la mi-mai. La flotte mouille bientôt au Nouveau-Monde où, en attendant les renforts de Rochefort et Brest, elle attaque la garnison anglaise du Rocher du Diamant, tout près de la Martinique. Au même moment, Nelson tombe dans le piège français et cingle vers les Antilles pour contrer Villeneuve. Mais celui-ci va compromettre tout le plan de l'Empereur : Ganteaume et Missiessy ne sont toujours pas là, et l'escadre de Toulon est en nette infériorité face à celle de Nelson. Villeneuve donne donc l'ordre de faire voile vers l'Europe. Le rendez-vous entre les flottes françaises est totalement manqué...



L'amiral sait qu'il en est le responsable et n'ose pas revenir à Toulon où il aura sans aucun doute à se justifier. Le 22 juillet 1805, sur le chemin du retour, il bouscule la flotte de l'amiral britannique Calder mais n'exploite pas son avantage en raison de la brume qui tombe sur le "champ de bataille". Refusant toujours de rentrer en France, il s'arrête à Cadix. Bien vite, le vice-amiral Collingwood puis Nelson viennent faire le blocus du port, où les 40 navires de Villeneuve et Gravina sont maintenant en passe d'être enfermés par les 33 vaisseaux britanniques.
Le 20 octobre 1805, en apprenant qu'il va être démis de ses fonctions et remplacé par Rosily-Mesros, un ancien marin du Roi, Villeneuve - contre l'avis général - décide de tenter le tout pour le tout et de sortir attaquer Nelson.
La bataille


De son côté, Nelson a déterminé la manoeuvre à suivre en cas d'affrontement avec l'escadre franco-espagnole. Comme à Aboukir en 1798, il adoptera une formation en deux colonnes, l'une sous ses ordres, l'autre sous ceux de Colligwood. Le but sera de frapper au centre avec force pour couper la flotte ennemie en deux. Mais Villeneuve se doute de ce que prépare son adversaire et place ses meilleurs navires en bas de la file, de manière à contrer une attaque au centre. Un dispositif judicieusement mis en place dès le 20 octobre, lorsque la flotte appareille, mais qui ne pourra changer le cours de la bataille du lendemain...
21 octobre 1805, midi moins le quart. Les grééments de l'escadre française se profilent à l'horizon. C'est à ce moment-là qu'est hissé sur les mâts des vaisseaux britanniques le fameux signal "l'Angleterre compte que chaque homme fera son devoir". En apercevant l'ennemi, Villeneuve, marin irrésolu et peu enclin à prendre des initiatives, revient sur sa décision et ordonne un repli sur Cadix : en faisant demi-tour, les navires rompent la formation et s'étirent maintenant sur cinq kilomètres, faisant le jeu de Nelson qui n'aura aucun mal à couper la flotte en deux. Gravina reçoit l'ordre de rester en réserve avec 12 navires, un peu à l'écart de la flotte et des combats, qui commencent peu de temps après la rencontre des deux escadres.
L'arrière-garde française est bientôt submergée par les vaisseaux de Collingwood. L'avant-garde, elle, sous les ordres du contre-amiral Dumanoir, pousuit sa route et attend une injonction de Villeneuve pour prendre part aux combats... Ce qui n'est pas sans rappeler Grouchy le jour de Waterloo, en 1815. Nelson lui-même se jette dans la bataille avec son navire amiral, le Victory, un trois-mâts de cent-quatre canons, et se mesure au Redoutable (soixante dix-huit pièces...), le second meilleur navire français après le Bucentaure sur lequel se tient Villeneuve.


A 13 heures 15, au milieu de cet affrontement farouche et impitoyable, dans lequel les abordages succèdent aux canonnades, Nelson est frappé d'une balle depuis les hunes du Redoutable. Cet amiral émérite, déjà privé d'un oeil et amputé d'un bras, va alors passer ses dernières heures à agoniser dans sa cabine, mais persuadé de la victoire de l'Angleterre. Côté français le Redoutable est très endommagé et en passe d'être capturé; le Bucentaure est battu et Villeneuve forcé à se rendre. Il faut dire que la victoire française a été fortement compromise par Dumanoir, qui a tardé à réagir et à venir secourir ses camarades.
A 6 heures du soir, les derniers navires cèdent; Gravina est mortellement blessé; c'est la défaite. Une défaite qui restera dans les mémoires françaises comme un synonyme de désastre absolu, qui priva pour un bon moment Napoléon et la France d'une flotte de guerre digne de ce nom. Que se serait-il passé si Villeneuve et Gravina avaient réussi à battre Nelson et Collingwood ? Napoléon aurait-il pu enfin débarquer en Angleterre, faire la paix avec George III et William Pitt et éviter les coalitions européennes qui se formèrent après 1805 ? Quoiqu'il en soit, c'est le destin de l'Europe qui s'est joué ce 21 octobre 1805, au large des côtes espagnoles...

Horatio Nelson, sans doute le meilleur des amiraux britanniques, avait le mal de mer ! Une de ses lettres, datée de 1804 et parfaitement authentique, ne laisse aucune place au doute : "Je suis malade chaque fois que le vent souffle fort et seul mon amour enthousiaste pour ma profession me permet de rester en mer." Incroyable mais vrai...
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